mardi 19 mai 2009

Laver les ombres, Jeanne BENAMEUR

J’ai été subjuguée par cette lecture. Je n’ai pas réussi à écrire immédiatement. Je le reprends aujourd’hui avec un peu d’appréhension. En le feuilletant de nouveau, je retrouve des sensations fortes.

J’aime l’écriture,

« Danser c’est trahir l’espace.
Alors autant le faire avec le plus de précision.
C’est la loi qu’elle s’est donnée. Il faut la tenir.

Danser c’est altérer le vide.
Pourquoi inscrire un mouvement dans le rien ? Elle voudrait tant pouvoir juste contempler et habiter simplement, sans bouger. Elle envie ceux qui le peuvent. Elle n’y arrive pas.

[…]

Alors elle danse. Il faut qu’elle trace, avec son corps, les lignes qui permettent d’intégrer l’espace. Seule la beauté du mouvement peut la sauver. »

Et cette recherche sur l’espace à combattre, à utiliser, à apprivoiser pour se sentir exister. Je n’avais encore rien lu d’aussi beau à ce sujet.

Léa l’héroïne, en quête permanente de victoire contre et avec l’espace, a également une histoire qu’elle va devoir affronter pour pouvoir sortir de sa solitude.

« Jamais rien. Sa mère ne demande rien. Ni visite. Ni invitation aux spectacles. Elle n’a besoin de rien, ne se déplace presque jamais. Léa lui a toujours gardé une place. A chaque création, au premier rang.
La place est toujours restée vide.
Sans aucune explication.

Sa peur, Léa, à l’autre bout du fil l’a reconnue. Celle de l’enfance. Toujours. Une peur qu’elle n’a jamais su nommer. Elle n’a plus rien dit.
Comme d’habitude. »

La réalité extérieure et la vie intérieure se répondent indirectement, prennent place tour à tour, ensembles. J’imagine autant Léa devant son café, qu’aux prises avec ses émotions lorsqu’elle pose.
Le rythme des phrases et l’espace de danse tissent aussi un dialogue original et dynamique.

A déguster…

1 commentaire:

Lyvie a dit…

J'avais été subjuguée par l'écriture à la lecture de "Les demeurées".
J'ai été très sensible aussi à ce titre là..
C'est une écriture à fleur de peau qui me touche beaucoup.